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L'état d'alarme et le sursaut d'orgueil







Après avoir été lieutenant dans le camps anti-esclavagiste pendant la guerre de sécession, Ambrose Bierce a voyagé en Europe et a fait divers petits métiers avant de s'établir comme chroniqueur, puis rédacteur en chef à San Francisco. Les circonstances de sa mort sont plutôt surprenantes puisque l'on perd sa trace au Mexique en 1913, alors qu'il y avait rejoint l'Armé du Nord de Villa en pleine guerre civile.
Moins connu que son Dictionnaire du diable ou que ses nouvelles sur la guerre de sécession, les Fables fantastiques d'Ambrose Bierce sont le plus souvent assez réjouissantes à lire, tant leur cynisme et leur absurdité trouvent encore un écho aujourd'hui.
Dans une bibliothèque idéale, on l'imaginerait volontiers entre Thoreau et Stephen Crane, pas trop loin de Jack London.
J'étais donc tranquillement installé à lire à une terrasse de café, lorsque je suis tombé sur ce texte extrait de ces Fables fantastiques publiées à la fin du XIXe siècle.
Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé ne serait vraiment pas étonnante.






L'état d'alarme et le sursaut d'orgueil

« Bonjour, mon ami", dit l'état d'alarme au sursaut d'orgueil ; « comment allez-vous ce matin? »
« Très fatigué », répondit le sursaut d'orgueil en s’asseyant sur une pierre au bord du chemin et en s'épongeant le front. « Les politiciens m'épuisent à force de mener leurs débats en m'utilisant, moi, au lieu d'agiter un bâton. »
L'état d'alarme soupira avec sympathie et dit : « C'est à peu près la même chose ici. Au lieu d'utiliser une lorgnette, ils regardent les agissements de l'opposition à travers moi! »
Comme les deux malheureux compagnons mêlaient leurs larmes amères, on leur notifia qu'ils avaient à retourner à leur devoir, car l'un des partis politiques avait réussi à faire nommer un voleur, et s'apprêtait à tenir un grand meeting de réjouissance.





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- Le Dictionnaire du diable, éditions Rivages poche ;
- Fables fantastiques, éditions Rivages poche ;
- Morts violentes, éditions Grasset, coll. "Cahiers rouges".








Sudbury


Sudbury, du poète franco-ontarien Patrice Desbiens, dans son édition originale de 1983 à la non moins franco-ontarienne maison d'édition Prise de parole.


     "Je suis né pas loin d'ici.
      J'ai encore les traces sur mon ventre.
      Taches de naissance.
      Je suis né pas loin d'ici mais
      personne me reconnaît.
      Je montre des photos de moi aux habitants.
      "Avez-vous vu cet homme ?" je leur demande."








Résolutions





Résolutions 

Genre : aphorismes.
Ingrédients : finesse, poésie, un peu de tautologies et beaucoup d'eau.
Suggestion de présentation : l'éditeur a choisi une maquette qui renvoie directement au recueil d'aphorismes de Pierre Peuchmaurd À l'usage de Delphine. Ce n'est pas tant un hasard d'ailleurs, puisque l'un a ses résolutions comme l'autre avait ses fatigues. En plus de nombreux recueils de poésie, Albarracin est également l'auteur de Pierre Peuchmaurd, témoin élégant (L'Oie de Cravan, 2007), ainsi que d'une monographie accompagnée d'un choix de textes aux éditions des Vanneaux.



"Je n'y crois pas une minute, mais je veux bien en douter une heure."
   
 *

"Les pilules qu'on avale sont les oeufs de couleuvres."
                                      
 *

"L'homme est un loup qui mange la chèvre avec du chou."


                                                                                *
                                                          "Qui peut peu croit beaucoup."


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"La rouille, l'or autant que fer se peut."



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Résolutions, de Laurent Albarracin, Montréal, éditions de L'Oie de Cravan, 2012.
Vient de paraître également, du même auteur, Le secret secret, aux éditions Flammarion (2012).









La cour des miracles



À Paris, c'est encore aux puces de Saint-Ouen que se trouve la cour des miracles.
Discret clin d'oeil aux Jardins statuaires de Jacques Abeille et aux jardins anarchiques chers à Bruno Montpied (voir à ce propos son très beau livre, Les Jardins anarchiques, aux éditions L'Insomniaque).