Photos, livres, aventures.

Faits divers





Anouk Ricard aime brouiller les cartes en faisant passer à ses lecteurs la mince frontière entre la BD et les livres pour enfants. Avec la série des Anna et Froga, puis les enquêtes du commissaire Toumi et Coucous Bouzon, le décalage entre son dessin naïf et son humour souvent acerbe a fait ses preuves.

Cette fois, Anouk Ricard a épluché pour nous les chroniques de faits divers de la presse régionale, source inépuisable de réjouissances et d'affligements dans l'observation de la nature humaine, et s'en est emparé pour nous livrer sa version des faits, plus délirante encore que ce que laisse supposer des manchettes telles que : "Il abandonne sa compagne qui s'étouffe au restaurant", ou "Il reçoit dans son lit une balle tirée par un policier".



Faits divers, c'est un peu les Nouvelles en trois lignes de Fénéon, réécrites avec des crayons de couleur.























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- Faits divers, Anouk Ricard, éditions Cornélius, 2012.

Grande école







De la petite école à la grande, celle que l'on devine être les Beaux-Arts à Paris et l'école de la vie, en passant par le service militaire et les camps de vacances, voici un catalogue des mille et une petites humiliations et autres échecs qui ont fait de Clément de Gaulejac ce qu'il est aujourd'hui, un dessinateur, artiste visuel, et maintenant écrivain, dont on comprend qu'il ait voulu s'éloigner du carcan initiatique qu'il dépeint.
Le ton sérieux et les descriptions minutieuses offrent un contrepoint au burlesque des situations, avec une subtilité qui n'est pas sans faire penser à Sempé, et l'on se prend à imaginer notre héros en Petit Nicolas qui serait devenu grand, avec une pointe de Buster Keaton en habits d'artiste.



Présentation de l'éditeur :
Le héros tombe dans les escaliers. Il roule en bas des marches sous le regard médusé de la foule réunie là. Personne ne le lui demande, mais en se relevant, il rassure l’assemblée : « Je vais bien, ça va, rien de cassé. » Dans les films burlesques, le héros se relève toujours impassible de ses innombrables chutes. Cette endurance à la cruauté du monde est précieuse pour le spectateur, d’autant plus que les acrobaties mises en scène n’en sont pas moins réelles. Dans l’escalier, c’est un vrai corps qui tombe. C’est ainsi qu’il faut entendre le réalisme des récits de Grande École : ils sont réalisés sans trucage. Sous le joug de toutes sortes de disciplines, le narrateur apprend. C’est-à-dire que, petit à petit, il réunit des compétences, la plupart du temps à son corps défendant – comme le sont les corps de tous les apprentis, tour à tour flottants et entêtés, dont ce livre est peuplé.








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Grande école, Clément de Gaulejac, Montréal, Le Quartanier éditeur, 2012.